Paris brûle-t-il ? Selon la Chambre des notaires du Grand Paris, qui publie des chiffres officiels plusieurs mois après l’enregistrement des actes notariés, le prix au mètre carré des appartements anciens dans la capitale ressortait à 9 610 euros en janvier 2019, en hausse de 6,2 % sur douze mois.

« D’après les avant-contrats, il devrait atteindre 9 790 euros en mai. Le seuil des 10 000 euros sera probablement dépassé cet été », confie Me Thierry Delesalle, porte-parole de la Chambre des notaires du Grand Paris.

Paris à 10 000 euros, ce n’est donc plus qu’une question de temps. Plus de la moitié des arrondissements de la capitale dépassent déjà ce seuil symbolique. Le prochain à l’atteindre devrait être le 11e. Pour le réseau Century 21, le prix moyen du mètre carré à l’achat dans l’ancien aurait franchi le seuil des 10 000 euros au premier trimestre 2019, atteignant 10 005 euros/m². « Sur les douze derniers mois, la hausse des prix s’établit à 8 %. Sur dix ans, elle ressort à 62,5 % ! », affirme Laurent Vimont, président de Century 21.

Souvent montrés du doigt, les acheteurs venus de l’étranger sont-ils responsables de cette flambée des prix ? C’est peu probable. Si l’on parle beaucoup d’un retour au pays des Français expatriés à cause du Brexit, les achats des Français non-résidents n’ont représenté que 4,1 % des transactions à Paris en 2018. Quant aux étrangers non-résidents achetant dans la capitale, leur part est stable depuis cinq ans : ils n’ont représenté que 2,5 % des ventes en 2018. Des niveaux insuffisants pour expliquer la flambée du marché.

Un taux de crédit à 1 % sur vingt ans

Le principal moteur de la hausse est plutôt à chercher du côté des conditions d’octroi des crédits immobiliers, qui n’ont jamais été aussi favorables. « Un bon dossier peut obtenir un taux de 1 % sur vingt ans » (hors assurance), dit Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux.com.

Le marché parisien possède aussi plusieurs particularités qui expliquent pourquoi la hausse annuelle des prix y atteint 6,5 % depuis dix ans, contre 1,5 % en moyenne en France. Encerclée par le périphérique, la capitale ne peut s’étendre. C’est pourquoi on y construit si peu de logements neufs dans le parc privé. Environ 500 sortent de terre chaque année depuis dix ans. Or, en 2018, les notaires n’en ont recensé que… 441. « Un chiffre ridicule pour une capitale de plus de deux millions d’habitants », s’exclame Nicolas Gay, fondateur de l’agence immobilière en ligne Welmo.